La voiture italienne ne souffre plus de complexe d'infériorité. Fini ce temps-là ! Il n'y a qu'à voir le film publicitaire diffusé par Fiat en Italie pour s'en convaincre (lire notre billet à ce propos), ou bien jeter un œil aux chiffres de vente d'Alfa Romeo, les meilleurs en France depuis 2002.
En Europe aussi, les ventes de la marque au Biscione se portent bien avec une hausse de 18,7 % l'an dernier. Près de 130.500 Alfa Romeo ont été immatriculées sur le Vieux Continent, dont 80.000 Giulietta. Le reste ? Des MiTo, pardi ! Car la gamme ne compte plus que ces deux modèles…
Les dirigeants de la marque italienne ne se font pas de souci pour autant. Certes, l'année 2012 s'annonce difficile, plus particulièrement en Italie où la crise se fait durement ressentir. Et ce n'est pas avec la 4C — un coupé à moteur 4-cylindres central arrière attendu d'ici l'été — qu'Alfa décuplera ses ventes. A l'instar de la Peugeot RCZ, cette deux-places attirera en concession le chaland qui repartira au volant d'une MiTo ou d'une Giulietta.
La Giulietta telle qu'elle parut en 1954, puis en 2010. L'arrivée de la boîte TCT de seconde génération constitue la nouveauté pour l'année 2012. Image © Alfa Romeo |
Non, les vrais volumes arriveront en 2013 avec un véhicule de loisirs (qui partagera ses gènes avec un futur tous-chemins compact Jeep) et, plus encore lorsqu'Alfa entamera enfin sa carrière outre-Atlantique (lire notre billet à ce propos). L'Alfa 159 ne connaîtra quant à elle pas de descendance avant 2014, lorsqu'elle profitera d'un transfert de technologie Chrysler.
En attendant, et même allégée du coupé Brera, du Spider et des berlines et break 159, la gamme se porte mieux que jamais. Il faut croire que la Giulietta — qui assure 57 % des immatriculations en France — n'est peut-être pas la mauvaise voiture que certains décrivent…
Ah ! Les clichés ont décidément la vie dure. A les en croire, les Alfa Romeo tomberaient en panne plus fréquemment que les Volkswagen. Les acheteurs de véhicules d'occasion les fuiraient telle la peste, au point d'accélérer sérieusement leur décote. Le cercle vicieux, en somme.
"Rien n'est moins vrai !", nous assure Jean-François Serre, Attaché de Presse Alfa Romeo France. "Pour preuve, les valeurs moyennes relevées par les organismes de financement qui constatent qu'à 36 mois et à 75.000 km, une Alfa Giulietta vaut encore 42,2 % du prix neuf. C'est seulement 1 % à 1,5 % de moins que la valeur résiduelle moyenne d'une VW Golf du même âge." Surpris ? Nous aussi.
Dont acte. L'amateur de belles italiennes ne saurait être accusé plus longtemps de laisser sa passion prendre le dessus sur sa raison lorsqu'il s'offre une Giulietta.
C'est vrai chez Alfa Romeo comme chez ses concurrentes VW, Ford ou Renault : commander du bout des doigts le passage des rapports présente un intérêt limité, eu égard à la pertinence du mode tout automatique. Image © Alfa Romeo |
Lorsqu'on connaît la préférence des Français pour le Diesel, on se dit que la Giulietta aurait pu souffrir sur le marché de l'occasion. Car, de toutes les familiales compactes, elle est celle qui avoue la plus forte proportion de motorisations essence : pas moins de 32,4 %, contre 15 à 20 % chez Renault ou chez Volkswagen. Preuve que les passionnés — qui se font une idée bien précise du plaisir automobile — se retrouvent dans les valeurs de la marque Alfa Romeo. A savoir, plaisir de conduire, tempérament, élégance et sportivité.
Une automobile se conduit, une Alfa Romeo se pilote, c'est bien connu. Si l'on en croit cet autre cliché cependant, les clients Alfa devraient bouder la Giulietta TCT au motif que l'image qui s'attache à l'automatisme entame leur virilité et jette le doute sur leurs capacités de pilote. Une Alfa Romeo automatique ? Pourquoi pas une bière sans alcool et un congé paternité, tant qu'on y est ?
Présentation avenante et dessin inspiré, mais qualité perçue un cran en retrait des meilleures. Image © Alfa Romeo |
Voyez comme les apparences sont trompeuses. Au bout de quatre mois seulement de commercialisation, il s'avère que près de 18 % des Giulietta livrées en France ont été équipées de la boîte TCT. Cela ne devrait surprendre personne : Alfa ne fut-il pas l'un des pionniers de la robotisation avec ses 156 et 147 Selespeed ?
Les réfractaires pourront toujours se dire que, quitte à renoncer au bon vieux levier de vitesse, mieux vaut le faire au volant d'une Giullietta. Car à la manière de toutes les transmissions à double embrayage (et par opposition à une boîte automatique classique), la TCT signée Fiat Powertrain Technologies assure une maîtrise totale du moment de passage des rapports grâce à sa commande séquentielle. De sorte que celui qui veut "faire vroum-vroum" de temps à autres peut se régaler à l'envi. Tout en laissant faire la machine le reste du trajet.
La "machine" s'y entend d'ailleurs à merveille. En conduite calme, elle favorise le couple et anticipe le passage du rapport supérieur afin d'optimiser la consommation de carburant. Alfa Romeo annonce une consommation moyenne en baisse par rapport aux Giulietta équipées de la boîte manuelle traditionnelle : elle passe de 5,8 l/100 km à 5,2 l/100 km en cycle mixte pour le moteur essence 1.4 MultiAir de 170 chevaux (de 134 à 121 g/km CO2) ; et de 4,7 l/100 km à 4,5 l/100 km pour le moteur Diesel 2.0 JTDm de 170 ch (de 124 à 119 g/km CO2).
En face, une VW Golf GTD 2.0 TDI de 170 ch consomme 5,4 l/100 km en moyenne et émet 142 g/km de CO2. Tandis que la toute nouvelle BMW 120d de 184 ch se contente de 4,6 l/100 km pour 122 g/km de CO2.
Une transmission plus souple, plus vive, plus intelligente
Le recours à la technique de l'embrayage à sec a permis d'économiser 10 kg environ par rapport aux embrayages à bain d'huile que le Groupe Volkswagen conserve sur une partie de ses DSG. Ce choix technique n'implique aucun sacrifice en termes de réactivité et de douceur. Pas même en termes de limitation de couple admissible, puisque le seuil maximal s'établit à quelque 350 Nm.
Il suffit d'une heure au volant de la Giulietta pour relever les progrès incontestables accomplis par la seconde génération de boîte TCT à double embrayage. On relève moins d'à-coups, moins d'hésitations et une plus grande vivacité que sur la TCT que la MiTo étrenna l'an dernier. Et ce, malgré la présence d'un système d'arrêt-démarrage automatique (Start/Stop) réputé plutôt caractériel lorsqu'il est associé à une boîte manuelle et à une commande d'embrayage classiques.
Le système d'arrêt-démarrage automatique coupe le moteur à chaque arrêt, à chaque carrefour, mais son intervention n'empêche pas la boîte TCT de réagir à la manière d'un convertisseur de couple. Autrement dit, lorsque la voiture est à l'arrêt, il suffit de soulager la pédale de frein pour sentir la voiture avancer ou bien reculer.
Deux disques d'embrayage solidaires d'un jeu de pignons chacun par l'intermédiaire d'arbres concentriques. Un principe commun à toutes les boîtes à double embrayage. Image © Alfa Romeo |
L'Alfa Giulietta TCT rampe et c'est appréciable. Mais c'est aussi en cela qu'elle pèche. Une voiture automatique classique, à convertisseur, rampe sur le seul couple du moteur. L'Alfa, en revanche, croit nécessaire d'élever le régime de son moteur dès que le conducteur soulage la pédale de frein. Et pas seulement lorsque la voiture est en pente ! C'est particulièrement désagréable sur la version Diesel dont on connaît le "coffre" à bas régime. Et cela rend plus délicat le dosage du freinage lors des manœuvres de parking. Dommage.
Les autres petits regrets, valables pour toutes les Giulietta qu'il nous ait été donné d'essayer, concernent l'ergonomie des commandes, les performances du navigateur GPS, et la consistance de la direction. Elle nous semble trop artificielle pour une berline qui se prétend garante d'un plaisir de conduire hors norme.
Au final toutefois, l'Alfa Romeo Giulietta TCT nous paraît constituer la meilleure offre de la gamme. En essence comme en Diesel. Sa boîte TCT procure le calme et la sérénité devenus nécessaires pour tolérer les contraintes de la circulation moderne. Sans entamer pour autant la vivacité des reprises ni grever le budget carburant. Mieux, bientôt deux ans après son évaluation par l'organisme indépendant Euro NCAP, l'Alfa Giulietta reste la berline familiale compacte la plus sûre au monde, avec une note de 87 points sur cent.
Chacun des deux disques d'embrayage (à gauche) entraîne un jeu de pignons : l'un pour les vitesses impaires, l'autre pour les paires. Image © Alfa Romeo |
Séductrice en diable, l'Alfa Giulietta combine une belle habitabilité à une finition attrayante, un comportement alerte à un bon confort, et — ce qui ne gâche rien — jouit d'une valeur résiduelle rassurante et d'une belle dotation d'équipements de série (liste complète des équipements de l'Alfa Giulietta).
Comme s'il avait voulu enfoncer le dernier clou dans le cercueil où reposent nos idées reçues à l'égard des voitures italiennes, le groupe Fiat lance ce mois-ci un contrat d'extension de garantie sans précédent (lire les conditions et les tarifs ici). Tout possesseur d'un modèle de la marque Alfa Romeo, Fiat, Lancia ou Jeep âgé de moins de 24 mois et ayant parcouru moins de 60.000 km peut étendre sa garantie jusqu'à 8 ans, kilométrage illimité et assistance comprise 24h/24 7j/7. Pour des tarifs allant de 249 € pour une Panda à 9.999 € pour un Grand Cherokee.
En résumé | ||||||||||
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